Une personne a besoin de guérir sur les trois plans : physique, affectif et spirituel. Si elle n'est aidée que dans un seul domaine, le bénéfice sera très limité.
Veiller à son corps et à son alimentation
Les troubles du comportement alimentaire affectent la personne physiquement ; il est donc préférable de consulter un médecin, surtout si le problème est grave. Il est très difficile d'avoir des entretiens avec une personne dont le poids est très bas, car elle souffre souvent de fatigue mentale ; ces personnes auront besoin d'un traitement médical avant de commencer une relation d'aide.
Une aide diététique sera également très utile ; car les troubles du comportement alimentaire peuvent entraîner des symptômes très divers. D’où les carences en vitamines B. Entre autres, la carence en vitamine B se retrouve souvent dans les cas de dépression, de stress : des symptômes psychologiques se présentent ; par conséquent il sera nécessaire dans certains cas d'administrer aux malades des compléments en vitamines, en sels minéraux, etc... C’est donc pour cela que la plupart des malades sont perfusées.
Faire face à ses sentiments, un combat compliqué
Pour guérir, la personne doit comprendre le rôle de ses sentiments. Une personne qui, par exemple, a subi de graves traumatismes dans l'enfance, et qui souffre d'anorexie mentale parce qu'elle ne peut pas s'exprimer à ce sujet, a besoin d'une aide qui lui permette de parler de ses blessures, de manière à les dépasser. Mais comment faire pour aider ces personnes à prendre conscience de leurs sentiments ? Une jeune fille de 19 ans vivait chez ses parents adoptifs. Elle avait subi de mauvais traitements de la part de l'ami de sa mère, car ses parents avaient divorcé. Elle ne savait pas comment prendre la vie, et craignait terriblement de grandir. Elle est devenue anorexique : on l'a alors hospitalisée, et nourrie de force, ce qui l'a conduite à la boulimie. Elle ne savait pas pourquoi elle se comportait ainsi ; le rôle de la personne qui s'occupait d'elle dans la relation d'aide a été de l'aider à faire le lien entre ses traumatismes infantiles et son anorexie mentale, pour qu'elle puisse abandonner ce comportement. Comme il était très difficile de dialoguer avec elle, les médecins ont utilisé le dessin de diverses façons. Elle avait parlé de sa vie comme d'un gouffre noir, mais ce n'est pas cette affirmation qui allait suffire à l'aider. Les médecins devaient comprendre de quoi il s'agissait ; alors ils lui ont demandé de le dessiner. Elle a dessiné un gouffre et au fond, une petite croix qui la représentait elle. En haut, c'était la vie ; elle en avait peur, elle s'en isolait. La cabane où elle se trouvait, c'était son anorexie, sa protection contre les blessures . Ils lui ont donc demandé : "Y a-t il une poignée à la porte ?" Elle en a dessiné une, à l'intérieur. Cela signifiait que c'était elle qui avait la réponse à ses problèmes ; lorsqu'elle serait prête, elle ouvrirait la porte de l'intérieur, gravirait l'échelle et entrerait dans le monde.
Il y a aussi une autre manière de rendre les malades conscientes de leurs sentiments : montrer un dessin d’un arbre avec des personnages. Ce dessin a été montré à une jeune fille anorexique âgée de 16ans, qui en souffrait depuis ses 8ans. Elle avait été hospitalisée onze fois, un psychiatre lui avait même dit qu’elle n’en guérirait jamais. Elle avait subi des violences sexuelles lorsqu'elle était dans un home pour enfants ; mais ne faisait aucune relation entre ce qui lui était arrivé et son anorexie. Elle ne parlait jamais de ce qu'elle ressentait. Les médecins lui ont demandé si elle se reconnaissait dans un de ces personnages, elle a réfléchi et elle a dit : "Oui, celui là, parce qu'il nous tourne le dos ; on ne voit pas son visage". C'était exactement ce qu'elle faisait. Elle ajouta : "Il se sent seul, il est en colère et il a peur". Puis elle a pu dire : "Je me sens seule, et j'ai peur": Et peu à peu, elle a commencé à comprendre que son anorexie était une forme de protection, une manière de réagir. Personne ne pouvait changer le passé mais elle pouvait apprendre à affronter la vie. Lorsqu'elle a trouvé ce nouveau moyen, elle a pu abandonner l'anorexie.
Faire des choix, une décision nécessaire
Le changement est nécessaire dans quatre domaines : celui du corps, celui des émotions, celui de la gestion des sentiments, et celui du comportement. Il s'agit de faire des choix. Le trouble du comportement alimentaire procure quelque chose de particulier au patient, et, lorsque ce dernier comprend de quoi il s'agit, il peut commencer à faire d'autres choix. Beaucoup d'entre ces patients ont l'impression de ne pas avoir le choix, mais cette notion est capitale, et une grande partie du processus de guérison consiste en cette prise de conscience que le choix est possible.
Comprendre ce qu'il se passe dans les pensées
Un psychologue a élaborée « la théorie ABC de l’émotion » car selon lui, il y a un lien entre les pensées et les sentiments. Cette théorie aide beaucoup les victimes de troubles du comportement alimentaire (TCA). Il explique dans sa théorie que lorsqu’un évènement survient la plupart des gens pensent qu’à cause de ce qui vient leur arriver, ils vont éprouver tel sentiment. Mais en réalité, lorsqu’un évènement survient, nous le percevons d’une certaine façon, puis nous éprouvons un sentiment : cela montre que notre façon d’interpréter l’évènement aura une influence sur ce que nous allons ressentir. C’est pour cela que pour guérir, les malades doivent modifier leur façon de penser, car leur façon de percevoir négativement un évènement a une influence sur les sentiments. Ces évènements viennent souvent de l’enfance.La guérison de l'anorexie mentale est surtout psychologique.En effet la guérison psychique sera suivie de la guérison physique, puisque nous avons expliqué dans les "causes" que l'anorexie mentale était une réponse à un problème psychologique, et que les malades utilisaient l'anorexie comme système pour se faire du bien. Donc le travail avec les psychiatres et psychologues est très important pour ouvrir les yeux des malades. Car le problème majeur de l'anorexie, est que les malades n'ont pas conscience de leur sort. Elles ont donc besoin d'aide pour se sentir comprises, soutenues, pour ouvrir les yeux.
